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Auteur | Message |
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Bryaxis | # Posté le 18/11/2008 Ã 20h56 - Citer |
Statut : membre ![]() | Je ne suis traditionnellement pas un grand amateur de poésie. Bien au contraire, mes lectures sont souvent de genres très éloignés de ce type d'écriture. Pourtant il arrive qu'un poète me touche, que son style m'atteigne au plus profond de moi et réveille des sentiments endormis. Le dernier en date de ces poètes est un grec, Constantin Cavafy. Il vivait il y a près d'un siècle, né à Alexandrie d'Egypte et y ayant passé presque toute sa vie mais avec des séjours importants en Angleterre où il se forgea un style très éloigné du style grec en vigueur dans le pays de ses ancêtres. Ses poème "Ithaca" ou "En attendant les barbares" sont à mes yeux de petits bijoux, et le sont en traduction ( une traduction française produite il est vrai par Marguerite Yourcenar... ) mais les commentaires que j'ai pu lire sur internet démontrent qu'en grec aussi ces oeuvres sont fantastiques, présentant au lecteur des jeux de mots et de langue que l'on ne peut reproduire mais qui montre toute la richesse d'une tradition pluri-millénaire. Accents des grecs d'Asie Mineure, archaïsmes assumés, faculté de "faire revivre des mots oubliés de la langue usuelle" sans que cela n'apparaisse comme une affectation de langage, voilà des talents devenus bien trop rares. Et vous, avez vous des poètes favoris que vous souhaiteriez faire découvrir aux autres membres de l'Encrier ? |
baudelaire de rien | # Posté le 01/12/2008 Ã 23h03 - Citer |
Statut : membre ![]() | Je ne suis pas non plus un grand amateur de poèmes. Je n'en connais que peu. En tout cas, dans ce qu'on appelle classiquement des poètes. En fait, en dehors de Baudelaire, Aragon, et Rimbaud. Par contre, peut-être considérer certains auteurs de chanson comme des poètes. J'aime beaucoup ce que fait Art Mengo. Il a de très beaux textes. Je conseille la lecture des textes de la vie de chateau (en plus de les écouter !) Dans un autre style, mais toujours dans la chanson (désolé), et pour les anglophones, je conseille les textes de Fish sur le 1er album de Marillion "Script for a jester tear" Je vais m'empresser de me renseigner sur Constantin Cavafy |
Laurent Jerry | # Posté le 01/12/2008 Ã 23h24 - Citer |
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| Comme je pense que cela s'est vu, je préfère encore et toujours Baudelaire à tout autre, et Les Phares à tout autre poème. [....] Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes, Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te deum, Sont un écho redit par mille labyrinthes ; C’est pour les cœurs mortels un divin opium ! C’est un cri répété par mille sentinelles, Un ordre renvoyé par mille porte-voix ; C’est un phare allumé sur mille citadelles, Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois ! Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage Que nous puissions donner de notre dignité Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge Et vient mourir au bord de votre éternité ! C'est tellement monomaniaque que je vais éviter de citer quiconque d'autre, parce que hors cela je ne connais rien de rien à la poésie. Si ! Cyrano et son cadet Maupertuis. Tout de même. ![]() La partie folle de l'Administration. |
Kventino | # Posté le 02/12/2008 Ã 00h13 - Citer |
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| Bon. Pour éviter les meilleurs (et pour moi c'est surtout un singulier : Baudelaire), un peu de Lautréamont (qui nous presse) : J'en garde d'autres sous le coude (dont des chanteurs, des vrais) pour plus tard « A reader lives a thousand lives before he dies », said Jojen. « The man who never reads lives only one. » A Dance with Dragons, George R. R. Martin |
Bryaxis | # Posté le 02/12/2008 Ã 12h44 - Citer |
Statut : membre ![]() | Je commençais à désespérer de jamais voir ce sujet prendre vie ! Baudelaire est évidemment incontournable, et le passage choisi intéressant. Pour Lautréamont, je ne le connaissais pas du tout. |
Akshara | # Posté le 02/12/2008 Ã 18h29 - Citer |
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| Personnellement, je lis pas Beaudelaire. Je n'ai pas un auteur favori, cela dit, il y a une poésie de Pierre de Ronsard que j'apprécie particulièrement : L'ode A Cassandre (sur le lien c'est Mignonne, allons voir si la rose, mais je préfère L'ode à Cassandre, comme titre ![]() Ah, oui, aussi, un petit faible pour Les comtemplations de Victor Hugo. ![]() La culture, c'est comme le beurre : moins on en a, plus on l'étale. |
Hermine | # Posté le 02/12/2008 Ã 20h37 - Citer |
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| Perso je ne suis pas ce qu'on peut appeller une "fan" de poésie, dans le sens où je connais rarement les grands auteurs et je ne retiens pas les poèmes qui m'ont plus... Par contre j'aime beaucoup Le dormeur du val de Rimbaud, et surement quelques autres dont je ne me souviens plus. Sinon, j'aime aussi les poèmes de certains de mes amis (surtout quand ils sont bien ficelés, et jolis bien sûr!) et ceux que je fait (évidemment...) Modifié le 02/12/2008 Ã 20h38 par Hermine Il m'a apprit que le savoir vivre, c'est de savoir être fou Qu'assis, debout, à jeun ou ivre, on pouvait chanter n'importe où ~ Lynda Lemay ~ Il faut vivre pour aimer et non pas aimer pour vivre |
Kventino | # Posté le 02/12/2008 Ã 21h01 - Citer |
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| C'est qu'une question de volonté ... Regarde : L'internationale Debout, les damnés de la terre ! Debout, les forçats de la faim ! La raison tonne en son cratère, C'est l'éruption de la faim. Du passé, faisons table rase, Foule esclave, debout, debout ! Le monde va changer de base, Nous ne sommes rien soyons tout. Refrain C'est la lutte finale Groupons et demain L'internationale Sera le genre humain Il n'est pas de sauveur suprême Ni Dieu, ni César ni tribun Producteurs, sauvons nous nous-mêmes Décrétons le salut commun Pour que les voleurs rendent gorge Pour tirer l'esprit du cachot Soufflons nous-même notre forge Battons le fer tant qu'il est chaud (SFIO !) Refrain L'État impose et la loi triche L'impôt saigne le malheureux Nul devoir ne s'impose aux riches Le droit du pauvre est un mot creux C'est assez de languir en tutelle L'Égalité veut d'autres lois Pas de droit sans devoir dit-elle Égaux, pas de de devoir sans droit Refrain Hideux dans leur apothéose Les rois de la mine et du rail Ont-ils jamais fait autre chose Que dévaliser le travail ? Dans les coffre-forts de la bande Ce qu'il a créé s'est fondu En exigeant qu'on le lui rende Le peuple ne veut que son dû Refrain Les rois nous saoulaient de fumée Paix entre nous, guerre aux tyrans Étendons la grève aux armées Crosse en l'air et rompons les rangs S'ils s'obstinent, ces cannibales, À faire de nous des héros Ils sauront bientôt que nos balles Sont pour nos propres généraux Refrain Ouvriers, paysans nous sommes Le grand parti des travailleurs La terre n'appartient qu'aux hommes L'oisif ira loger ailleurs Combien de nos chairs se repaissent ? Mais si les corbeaux, les vautours Un de ces matins disparaissent Le soleil brillera toujours ! Refrain (Pourquoi je retiens sans effort l'internationale et pas des trucs vraiment bien ?) Bon c'est pas tout mais faut que je finisse la Critique de la philosophie du droit de Hegel (Non, je ne suis pas marxiste, mais pour vaincre l'ennemi il faut le connaître). (Sérieusement en plus, plus je le lis, plus je suis sûr de ne pas être marxiste. Trop contradictoire) « A reader lives a thousand lives before he dies », said Jojen. « The man who never reads lives only one. » A Dance with Dragons, George R. R. Martin |
Ennola | # Posté le 19/12/2008 Ã 23h15 - Citer |
Statut : membre ![]() | J'aime la poésie même si je suis bien incapable d'en écrire quelques vers. Mon auteur, ou plutôt mes auteurs préféré sont : Charles Baudelaire. Oh Le vampire quel poème ! Toi qui, comme un coup de couteau, Dans mon cœur plaintif es entrée, Toi qui, comme un hideux troupeau De démons, vins, folle et parée, De mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine, — Infâme à qui je suis lié Comme le forçat à la chaîne, [ ... ] ou encore ce poème en prose, de loin mon préféré, L'étranger : - Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère? - Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère. - Tes amis? -Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages! Ensuite Victore Hugo, rien que pour Demain dès l'aube, je peux le réciter les yeux fermés et voir le paysage se dérouler sous mes yeux : Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. Puis Paul Eluard, je suis une inconditionnelle ( je ne connait que depuis peu mais déjà je 'laime comme un vieil ami ). Du fond de l'abîme : Il n'étaient pas fous les mélancoliques ils étaient conquis digérés exclus par la masse opaque des monstres pratiques [ ... ] Ensuite Emily Dickinson, c'est un récente découverte et j'aime, j'aime beaucoup : Un mot est mort quand il est dit disent certains - Moi je dis qu'il commence à vivre De ce jour là. Je paie - En espèces de soie - Ton prix - tu ne l'as pas fixé Un pétale par paragraphe Dirais-je à vue de nez. Puis Ogawa Shûshiki, que j'ai découvert dans mon anthologie de haikus. Éveillée de ce rêve je verrai le violet des iris Et ensuite, Apollinaire. Extrait de Merlin et la vieille femme : La dame qui m'attend se nomme Viviane Et vienne le printemps des nouvelles douleurs Couché parmi la marjolaine et les pas-d'âne Je m'éterniserai sous l'aubépine en fleurs Enfin il en reste tant mais pour cette fois je terminerais par Rimbaud et sa magnifique Ophélie : Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles ... On entend dans les bois lointains des hallalis. Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir. Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir. [ ... ] « J'attends des livres qu'ils me secouent, me rappellent toujours ce que c'est que d'être humain. Pas qu'ils rentrent dans mon jeu pour me conforter dans mes certitudes. » |
Kventino | # Posté le 20/12/2008 Ã 00h32 - Citer |
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| Allez un petit Rimbaud de tête (je l'ai déjà mis quelque part mais je le remets de tête, pour le garder au frais, même s'il ne marche plus pour moi (ça fait bizarre d'ailleurs ...) : On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans, Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants, On va sous les tilleuls verts de la promenade Les tilleuls sentent bons dans les bons soirs de juin, L'air est parfois si doux qu'on ferme la paupière, Le vent chargé de bruit - la ville n'est pas loin - A des parfums de vigne et des parfums de bière. Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon D'azur sombre, encadré d'une petite branche Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite, mais toute blanche Nuits de juin, dix-sept ans, on se laisse griser, La sève est du champagne et vous monte à la tête ; On divague on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là comme une petite bête. Le cœur fou robinsonne à travers les romans Lorsque dans la lueur d'un pâle réverbère Passe une demoiselle aux petits airs charmants Dans l'ombre du faux-col effrayant de son père, Et comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle tourne la tête, et d'un mouvement vif ... Sur vos lèvres alors meurent les cavatines. Vous êtes amoureux, loué jusqu'au mois d'août Vous êtes amoureux, vos sonnets la font rire Tous vos amis s'en vont : vous êtes mauvais goût ... Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire ; Ce soir là vous entrez aux cafés tapageurs, Vous demandez des bocks, et de la limonade On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans Et qu'on a des tilleuls verts sous la promenade Et allez, en hommage à Semprun, je mets La liberté de René Char (que je ne connais pas par cœur par contre ... personne n'est pas parfait) : La liberté Elle est venue par cette ligne blanche pouvant tout aussi bien signifier l’issue de l’aube que le bougeoir du crépuscule. Elle passa les grèves machinales ; elle passa les cimes éventrées. Prenaient fin la renonciation à visage de lâche, la sainteté du mensonge, l’alcool du bourreau. Son verbe ne fut pas un aveugle bélier mais la toile où s’inscrivit mon souffle. D’un pas à ne se mal guider que derrière l’absence, elle est venue, cygne sur la blessure, par cette ligne blanche. René Char, Fureur et Mystère (1944) Bon allez ... Je garde Francis Ponge pour la prochaine fois « A reader lives a thousand lives before he dies », said Jojen. « The man who never reads lives only one. » A Dance with Dragons, George R. R. Martin |
Ennola | # Posté le 04/07/2009 Ã 13h58 - Citer |
Statut : membre ![]() | So short a thing to sigh - And yet - by Trades - the size of theese We men and women die ! ~ Pleurer est chose si infime - Soupirer chose si brève - Pourtant - d'Occupations - de cette taille Nous mourons, nous hommes et femmes. Time is a test of trouble But not a remedy - If such it prove - it prove too There was no malady. ~ Le Temps est une épreuve au chagrin Mais non un remède - S'il s'avère tel - il prouve par là L'absence de mal. To wait an Hour - is long - If love be just beyond - To wait Eternity - is short - If love reward the end - ~ Attendre une Heure - est long - Si l'Amour est en vue - Attendre l'Eternité - est bref - Si l'Amour est au bout - Emily Dickinson - Extrait de Quatrains et autres poèmes brefs. N'est-ce pas simplement sublime !? =D « J'attends des livres qu'ils me secouent, me rappellent toujours ce que c'est que d'être humain. Pas qu'ils rentrent dans mon jeu pour me conforter dans mes certitudes. » |
StocKo | # Posté le 04/07/2009 Ã 17h53 - Citer |
Statut : mod�rateur ![]() | Oui, bon, citer des poèmes de tête... Chantre, d'Apollinaire : Et l'unique cordeau des trompettes marines J'aime beaucoup ce poème. Il est énigmatique et très intelligent. D'Apollinaire j'aime aussi Zone (A la fin tu es las de ce monde ancien etc.) Ou Adieu. Ou A La Santé (toujours dans le recueil Alcools, évidemment). Et puis sinon Verlaine. Recueil de La Bonne Chanson...En fait je me la pète parce que je ne lis pas ou peu de poésie, et que la plupart des exemples sus-cités ont été découverts en cours de français cette année. Mais c'est néanmoins quelque chose qui peut me prendre aux tripes (ou alors me dégoûter profondément, merveilleuse ambivalence de la littérature). Ours sorti d'hibernation ! |
Elyzabel | # Posté le 05/07/2009 Ã 22h51 - Citer |
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| Pour moi ce sera Prévert sans hésiter! Une tache de sang dans l'uniformité verte de l'espérance. Le coquelicot s'envole laissant le monde à ses pieds. |
Molly59 | # Posté le 22/02/2010 Ã 10h59 - Citer |
Statut : membre ![]() | Personnellement, je ne lis que peu de poésie, mais en tant que chanteuse, je suis souvent amenée à en "interpréter" musicalement parlant, en particulier par le biais de la mélodie française (Fauré, Chausson, Debussy, Ravel, etc...) ou du Lied allemand (Schubert, Schumann, Brahms, Mahler...). C'est une manière un peu particulière d'aborder la poésie, et on pourrait ouvrir un débat à ce sujet: la "mise en musique" sert-elle, ou au contraire, dénature-t-elle un poème? (autant dans le répertoire dit "classique" que dans la chanson...) En effet, elle lui impose un rythme et une ligne mélodique qui ne sont pas forcément en accord avec les intentions du poète et peuvent affadir -ou s'opposer à- la propre musique interne de l'écriture... Cela dit, j'ai une tendresse particulière pour Verlaine, souvent très bien mis en musique d'ailleurs, ainsi que pour Heinrich Heine. mon blog "Mieux vaut relâcher dix coupables que de punir un innocent..." - Dostoïevski |
Jack-of-Spades | # Posté le 20/03/2010 Ã 23h54 - Citer |
Statut : membre ![]() | Ah, pour moi, comme pour pas mal de gens ici apparemment, Rimbaud, absolument Rimbaud. Sensation Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l'herbe menue : Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien, Mais l'amour infini me montera dans l'âme ; Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, heureux- comme avec une femme. Après, de là à avoir un poète dont le gros de l'oeuvre m'enchante... il y en a pas beaucoup mais il y en a quand même. Ronsard, du Bellay pour faire classique. J'avais aussi lu de magnifiques poèmes de Gautier ou de Supervielle. De celui-ci, voici ce poème : L'Arbre Il y avait autrefois de l'affection, de tendres sentiments, C'est devenu du bois. Il y avait une grande politesse de paroles, C'est du bois maintenant, des ramilles, du feuillage. Il y avait de jolis habits autour d'un cœur d'amoureuse Ou d'amoureux, oui, quel était le sexe? C'est devenu du bois sans intentions apparentes Et si l'on coupe une branche et qu'on regarde la fibre Elle reste muette Du moins pour les oreilles humaines, Pas un seul mot n'en sort mais un silence sans nuances Vient des fibrilles de toute sorte où passe une petite fourmi. Comme il se contorsionne l'arbre, comme il va dans tous les sens, Tout en restant immobile ! Et par là-dessus le vent essaie de le mettre en route, Il voudrait en faire une espèce d'oiseau bien plus grand que nature Parmi les autres oiseaux Mais lui ne fait pas attention, Il faut savoir être un arbre durant les quatre saisons, Et regarder, pour mieux se taire, Écouter les paroles des hommes et ne jamais répondre, Il faut savoir être tout entier dans une feuille Et la voir qui s'envole. Bref, sinon j'aime aussi les haïku, simple, pur et la nature. Ni lune ni fleur Pour boire son saké Il est là tout seul Bashô (1644 - 1694) "Qui se souvient d'un nuage ?" Maupassant ![]() |
Distic | # Posté le 02/11/2011 Ã 19h53 - Citer |
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| Pour ma part j'aime beaucoup Lamartine : évidemment "le Lac", mais aussi "l'Isolement", "Souvenir"... De Nerval je ne connais encore que "El Desdichado", que j'adore. J'ai failli oublier Racine (puisqu'on a dit les poètes et non pas les poèmes, subtile nuance...). Modifié le 04/11/2011 Ã 18h10 par Distic |
Tanar | # Posté le 18/12/2011 Ã 15h23 - Citer |
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| Moi, ce sont les djinns et les ombres (ne me souviens plus du nom exact) de Prévert, mais je ne m'y connais pas franchement... Baudelaire également « Dire des idioties, de nos jours où tout le monde réfléchit profondément, c'est le seul moyen de prouver qu'on a une pensée libre et indépendante. » Boris Vian |
ZoCyrinai | # Posté le 10/07/2013 Ã 15h25 - Citer |
Statut : membre ![]() | Je ne suis pas fan de poésie, mais les poèmes de Baudelaire m'ont complètement ensorcelée. J'ai récemment lu les Fleurs du mal, et j'adore le "rythme" de Baudelaire. Par exemple, Réversibilité et l'Hymne à la beauté, j'adore... Par contre, j'ai beaucoup plus de mal avec, par exemple, Apollinaire. Mais il y a un de ces poèmes que j'adore : "À Bacharach il y avait une sorcière blonde Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde Devant son tribunal l'évêque la fit citer D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé Evêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège Mon amant est parti pour un pays lointain Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien Mon cœur me fait si mal il faut bien que je meure Si je me regardais il faudrait que j'en meure Mon cœur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là Mon cœur me fit si mal du jour où il s'en alla L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances Menez jusqu'au couvent cette femme en démence Vat-en Lore en folie va Lore aux yeux tremblant Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut Pour voir une fois encore mon beau château Pour me mirer une fois encore dans le fleuve Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves Là haut le vent tordait ses cheveux déroulés Les chevaliers criaient Loreley Loreley Tout là bas sur le Rhin s'en vient une nacelle Et mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle Mon cœur devient si doux c'est mon amant qui vient Elle se penche alors et tombe dans le Rhin Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil" "C'est lorsqu'il parle en son nom que l'homme est le moins lui-même, donnez lui un masque et il vous dira la vérité" O. Wilde |
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